Tu connais cette image du colosse aux pieds d’argile ? C’est peut-être toi. En surface, tu as l’armure : l’expertise, le titre, la légitimité que ton parcours t’a donnée. Tout est solide, maîtrisé.
Mais dès que les regards se tournent vers toi, en comité de direction ou face à un client stratégique, tes appuis se dérobent. Comme de l’argile mouillé. Tu sens cette cassure, ce décalage entre celui que tu es dans ton bureau et celui qui peine à trouver sa voix face au groupe. Le stress monte, la gorge se noue.
Oublie un instant les formations en art oratoire. Ce que je vais te partager ne s’ajoute pas comme une nouvelle couche de vernis. Ça vient changer le socle sur lequel tu te tiens. La source d’une prise de parole qui ne tremble plus, parce qu’elle vient de toi. Vraiment toi. C’est ce que j’appelle ton alignement intérieur.
Tu t’es déjà demandé pourquoi, malgré toute ton expérience, ce sentiment de sabotage persiste ? Tu as pourtant tout essayé. Les formations pour structurer ton discours. Les techniques de respiration pour « gérer » ton stress. La répétition quasi obsessionnelle pour ne laisser aucune place à l’imprévu.
Mais la vérité, c’est que rien n’y fait. La tension est toujours là, nichée dans tes épaules. Cette fatigue nerveuse avant chaque prise de parole importante te vide de ton énergie. Ce sur-contrôle, cette peur panique du bug de mémoire face au CODIR, ne te lâche pas. Tu es cet expert reconnu qui, à l’intérieur, est rongé par le syndrome de l’imposteur, sur le point d’être démasqué.
J’ai longtemps porté ce masque du bon élève. Manager, je maîtrisais mes sujets, mais je vivais dans la terreur que mon bégaiement resurgisse. J’ai appris toutes les techniques du monde. Aucune ne m’a jamais libéré de la peur profonde de trébucher sur mes mots devant mes pairs, parce qu’elles ne s’attaquaient pas à la racine.
Ton problème n’est pas ta posture, ton souffle ou tes slides. C’est ton socle intérieur qui vacille. La vérité que peu osent dire, c’est que ce n’est pas ce que tu fais qui pose problème. C’est ce que tu vis, dedans.
Le secret n’est pas de construire un personnage plus solide, mais de te reconnecter à qui tu es déjà. C’est le premier pilier de la méthode EC3 : l’alignement intérieur par la reconnexion à tes valeurs hautes.
Qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ? Ça veut dire que tu arrêtes de te demander « qu’est-ce qu’ils attendent de moi ? » pour te poser la seule question qui compte : « qu’est-ce qui est vraiment important pour moi, ici et maintenant ? ». Quand tu parles depuis ce qui t’anime, depuis tes tripes, tout devient plus fluide. Plus juste. Tu ne joues plus un rôle, tu incarnes ta parole.
Je pense à Marie, une DAF ultra-compétente que j’ai accompagnée. Brillante sur le papier, mais tétanisée en CODIR. Elle passait son temps à anticiper les objections, à polir ses phrases pour ne froisser personne. Le déclic a eu lieu le jour où elle a osé parler, non plus pour défendre ses chiffres, mais pour porter sa valeur d’intégrité. Sa voix s’est posée. L’impact a été immédiat.
Imagine un iceberg. Ce que les autres voient – tes mots, ta posture – c’est à peine 10% de la masse. La vraie puissance, la stabilité, vient des 90% immergés : tes convictions, ton alignement intérieur. Un discours brillant posé sur un intérieur instable, c’est comme un vase de porcelaine sur du sable mouvant. Ça finit toujours par s’effondrer.
Moi-même, le jour où j’ai arrêté de vouloir prouver que j’étais un manager qui ne bégayait pas, et que j’ai simplement reconnecté ma parole à mon intention profonde d’aider mes équipes, j’ai commencé à exister. On ne se « calme » pas par des exercices. On trouve le calme en s’alignant.
Alors, comment commencer à habiter ce socle ? Oublie les listes de « choses à faire ». Je t’invite plutôt à un dialogue intérieur simple et puissant.
La prochaine fois que tu es en situation d’exposition, surprends ce mécanisme de vouloir te corriger, de jouer un rôle pour « bien faire ». Ne juge rien. Contente-toi d’observer. C’est une prise de conscience, pas une action.
Juste avant de parler, prends une seconde. Non pas pour chercher le mot parfait, mais pour te demander : “Quelle est mon intention la plus juste ici ? Quelle est la valeur qui m’anime sur ce sujet ?” Est-ce la clarté ? L’impact ? La justice ? La transmission ?
Autorise-toi à formuler ne serait-ce qu’une phrase, non pas depuis ta tête, mais depuis cet ancrage. Imagine ce manager qui doit annoncer une décision difficile. Au lieu de « motiver sans y croire », il peut parler depuis sa valeur de responsabilité : « Ce que je vous annonce aujourd’hui n’est pas simple, et il est de ma responsabilité de le faire avec la plus grande transparence possible… ».
Juste après, fais le point. Pas sur le résultat extérieur, mais sur la sensation intérieure. Moins de tension ? Une respiration plus basse ? Un sentiment de justesse ? Ce sont tes vrais indicateurs.
Les signes que tu es sur la bonne voie ne sont pas les applaudissements. C’est le retour progressif du plaisir à échanger, ce sentiment incroyable de parler « depuis soi ».
Ce dialogue intérieur peut paraître abstrait. Laisse-moi te montrer concrètement ce que ça produit.
Je te parle d’Antoine. Un DG connu pour ses présentations impeccables, millimétrées. Le résultat ? Son équipe le jugeait froid, distant, inaccessible. Il contrôlait tout, mais ne connectait avec personne. Il brillait, mais il n’éclairait pas.
Après notre travail sur son alignement, sa transformation n’a pas été dans la forme. En comité, il a osé une anecdote personnelle pour illustrer un point stratégique. Il a laissé un silence s’installer après une question difficile. Sa prise de parole est devenue vivante.
Les retours ont été unanimes. « On sent que c’est toi », « c’est la première fois que je comprends vraiment où tu veux nous emmener ». Le changement n’était pas dans ses slides, mais dans sa présence. Il ne récitait plus un discours ; il parlait depuis là où il était. La transformation, la vraie, c’est ça : le passage du contrôle à la puissance tranquille.
Arrêtons de nous mentir. La vraie force d’un leader ne se mesure pas à sa capacité à appliquer des techniques, mais à sa capacité à être profondément aligné. C’est cet alignement intérieur qui transforme une prise de parole stressante en une expression juste, puissante et tranquille. Si vous êtes prêt à cesser de vous battre avec la surface pour libérer votre parole authentique, le chemin commence maintenant.